L'Association de Réflexion et de Recherche Clinique en Psychomotricité de Lyon et sa Région vise à promouvoir la recherche clinique en psychomotricité par divers moyens notamment : l’organisation de séminaires, colloques, groupes de réflexion. Soutenir des projets individuels ou collectifs de recherche sur la clinique psychomotrice, favoriser et/ou rechercher la collaboration avec des structures à même d’apporter une contribution directe ou indirecte au but poursuivi par l’association et tout particulièrement avec l’Institut de Formation en Psychomotricité de Lyon.
Elle s’adresse à tout psychomotricien désireux d’engager un travail d’approfondissement théorico-clinique, quel que soit son champ d’exercice professionnel ou son référentiel théorique et clinique.
Susciter les échanges, favoriser le débat entre psychomotriciens, soutenir la réflexion et la recherche à propos de la pratique, telles sont les ambitions de l’ARRCP Lyon et région. Dans cet objectif, l’association mise sur l’engagement de ses membres dans une démarche qui consiste à se confronter aux difficultés et aux doutes rencontrés dans la clinique, à approfondir ses intuitions cliniques, à les arrimer à des concepts théoriques, à transmettre et discuter les résultats de ses travaux.

mercredi 1 novembre 2017

Un aperçu du Café Psychomot' du 17 octobre 2017


C’est la rentrée pour l’ARRCP : ce mardi, après notre assemblée générale, nous nous sommes réunis autour d’Aurélie Tronel et de Mélanie Arbaud au café de la Cloche, notre nouveau lieu de retrouvailles. Animé sans être trop bruyant, nous avons pu y entendre Aurélie et Mélanie, puis discuter à partir de leur présentation dans une ambiance agréable.

Pour ce premier café de la saison, elles nous présentent à deux voix leur travail au CCAS (Centre Communal d’Action Social), nous expliquant comment elles se répartissent entre quatre psychomotriciennes le travail de prévention en gériatrie dans 16 EHPA (anciennement foyers logements) accueillant des résidents de 60 à 100 ans présentant des pathologies neurologiques, dégénératives, douloureuses ou encore psychiatriques, mais gardant une autonomie suffisante pour habiter dans leur appartement, et s’ils le veulent, disposer du restaurant ou d’autres lieux communs. Si des soignants interviennent auprès d’eux, ceux-ci sont des libéraux.
Mélanie, présente depuis son début le projet de psychomotricité au CCAS, nous racontant l’historique du poste depuis 2003. Au départ, il y avait moins de temps de psychomotricité pour plus de structures. Le travail y était plus individuel, tel celui des libéraux (infirmiers, kinésithérapeutes).
Chaque psychomotricienne travaille un jour par semaine dans une structure différente, et toutes les quatre se retrouvent le vendredi pour écrire des comptes rendus « dans un bureau doté de PC », mais aussi pour réfléchir ensemble à leur travail dans un processus d’intervision. Leur directrice a bien compris que cette cinquième journée ressource nos quatre psychomotriciennes qui redéployent ensuite leur énergie dans chacune de leurs institutions. De ces moments partagés naissent aussi de nouveaux projets, tel celui de la création d’une plaquette « prévention des chutes ».
Aurélie et Mélanie nous dresse ainsi le programme bien dense d’une journée type en institution   :
·         Relève avec l’équipe (non-soignante)
·         Temps pour des rencontres individuelles ponctuelles en fonction des échanges de la relève (pour éviter un syndrome post-chute par exemple).
·         Installation de la salle pour le ou les deux groupes de la journée. Relance auprès des personnes âgées ayant des troubles cognitifs et auprès des absents de la semaine précédente.
·         Déroulement des groupes et notes pour l’équipe.
Aurélie et Mélanie présentent très rapidement le contenu des groupes, variable en fonction des participants : travail sur les ancrages, l’axialité (prévention chute), les repérages temporo-spatiaux, mais aussi l’expression (groupe théâtre), avec pour tous les groupes l’accompagnement et le soutien de la socialisation…

Dans leur propos, je relève plusieurs originalités par rapport au travail clinique en institution soignante :
·         Il n’y a pas d’indication médicale. La psychomotricité et son projet de prévention du vieillissement pathologique sont à priori « bons pour tous ».
De ce fait, il y a un démarchage fait par les psychomotriciennes dans chacune des institutions. Mélanie nous dit même comment, à la création de son poste, elle avait l’impression de « vendre » les bienfaits de la psychomotricité aux résidents… une impression pas simple à vivre. Maintenant, il y a un noyau groupal de résidents « habitués » à leur groupe de psychomotricité qui présente le groupe et ses intentions aux nouveaux résidents : c’est autrement plus confortable. Etre convaincu des bienfaits de la psychomotricité dans la prévention en gériatrie est une chose, mais avoir l’impression d’en faire un commerce est beaucoup plus inconfortable d’un point de vue éthique.
·         Si le travail de prévention concerne avant tout les résidents, l’ouverture à l’équipe est aussi une part très importante du travail de nos psychomotriciennes, dès la relève du début de journée jusqu’à la restitution des groupes, mais aussi dans tous les temps informels. Il faut apprendre à ce personnel non-soignant à observer les personnes âgées pour distinguer un vieillissement normal d’un vieillissement pathologique. C’est éminemment important puisque ce sont ces personnes qui sont présentes au quotidien auprès des résidents.
·         Aurélie et Mélanie brossent ensemble une définition de la prévention en gériatrie qui serait  d’éviter la bascule dans le vieillissement pathologique tant que faire se peut, mais aussi d’alerter si cette frontière est dépassée. Il faut pouvoir alors penser l’avenir du résident dans une structure de soin, avec l’équipe, avec le sujet âgé, avec son médecin traitant, sa famille. Nous pouvons mesurer l’ampleur du travail que réalisent nos psychomot’ !

A partir de la densité de cette mission de prévention dans chacune de leur quatre EHPA, nous comprenons combien la journée du vendredi partagée de façon réflexive dans leur bureau commun, permet à nos quatre psychomotriciennes de rester confiantes.
Mélanie nous dit aussi combien ces partages sont créatifs. A partir d’eux, l’idée leur est venue de créer deux séminaires à l’attention des directeurs de structures et leurs adjoints, leur proposant de vivre des propositions de travail corporel telles que celles proposées aux résidents. Ces expériences renforcent encore la connaissance et l’intérêt de la psychomotricité en prévention gériatrique. Mais cette reconnaissance de leur travail va encore au-delà. Leur direction leur demande conseil pour l’élaboration de l’espace commun avec le pôle technique. Elles participent à des réunions de travaux de réhabilitation. Elles sont en train de créer un parcours santé. Elles nous annoncent la création d’une salle de médiation corporelle dans laquelle elles pourront réaliser leur groupe de psychomotricité, au lieu d’aménager sans cesse le salon de la résidence. Elles interviennent dans des colloques départementaux ou régionaux sur la prévention en gériatrie.

Je ne peux dans ce résumé relater toute la richesse de la présentation de Mélanie et Aurélie, comme leurs vignettes cliniques, et m’en excuse auprès d’elles. Mais avant de rapporter quelques points de discussions du débat qui s’en est suivi, je ne peux que féliciter Aurélie et Mélanie pour leur motivation, leur créativité, mais aussi la qualité de leur ajustement à l’être âgé autonome le plus longtemps possible.

Emmanuelle est sensible à la transmission entre les anciens et les nouveaux résidents, à cette entraide.
Natacha parle de « préoccupation maternelle » dans cette attention partagée entre psychomotriciennes, mais aussi avec les résidents et les équipes.
Véronique de rajouter : « Il faut être prévenant pour prévenir. » Cela la renvoie à la place de la personne âgée dans sa résidence, mais aussi dans notre société.
Denis réfléchit en terme de contenance : il s’agit de se situer entre le formel et l’informel, avec la création de supports et l’organisation de l’espace de l’atelier à chaque fois. Il  fait référence à Sami Ali en parlant du corps du sujet, mais aussi du corps du bâtiment, du corps institutionnel.
Cécile pointe comme il est aussi important de réactualiser les liens avec les autres dans les institutions soignantes, en sortant de leurs murs.
Roland dit comment dans la prévention, on est toujours dans l’anticipation. Il s’agit de créer des conditions pour qu’une demande puisse être accueillie.
Emmanuelle remarque la qualité de patience indispensable au psychomotricien.
Denis interroge aussi Mélanie quand ça bascule entre prévention et besoin d’une thérapie psychomotrice. Dans ces cas-là, elles réalisent un bilan psychomoteur et font lien avec le médecin traitant du résident de façon argumentée.
Laure questionne par rapport au matériel. Mélanie raconte comment en 2003 elle transportait son matériel de structure en structure. Aujourd’hui chaque résidence a son propre matériel.
Et avant de conclure, Mélanie nous dit les dispositions toutes particulières concernant les résidents, anciens SDF, accueillis dans l’une de ses institutions. Avec eux, il faut savoir travailler la porte ouverte et laisser une trace du groupe en ne rangeant pas trop vite le matériel utilisé… un autre ajustement tout particulier.

Merci à Mélanie et Aurélie, merci à tous les participants nouveaux et anciens pour leur présence et leur participation. Avec vous tous c’était chouette ce café !

Natacha Vignon et Lison Gilardot s’associent à moi pour rappeler que le prochain café psychomot’ hors des sentiers battus concernera le travail en crèche qui se déploie de plus en plus. Il aura lieu mardi 27 février 2018. Nous vous avions sollicités, mais nous savons aujourd’hui qui interviendra. Nous vous donnons rendez-vous début févier pour vous préinscrire après notre annonce.
Mais avant notre prochain café psychomot’, place à notre Journée d’Etude qui aura lieu le samedi 27 janvier. Restez attentif… la plaquette arrive. A très vite !


Pour l’ARRCP, Odile Gaucher




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