Association de Réflexion et de Recherche Clinique en Psychomotricité de Lyon et sa Région
L'Association de Réflexion et de Recherche Clinique en Psychomotricité de Lyon et sa Région vise à promouvoir la recherche clinique en psychomotricité par divers moyens notamment : l’organisation de séminaires, colloques, groupes de réflexion. Soutenir des projets individuels ou collectifs de recherche sur la clinique psychomotrice, favoriser et/ou rechercher la collaboration avec des structures à même d’apporter une contribution directe ou indirecte au but poursuivi par l’association et tout particulièrement avec l’Institut de Formation en Psychomotricité de Lyon. Elle s’adresse à tout psychomotricien désireux d’engager un travail d’approfondissement théorico-clinique, quel que soit son champ d’exercice professionnel ou son référentiel théorique et clinique. Susciter les échanges, favoriser le débat entre psychomotriciens, soutenir la réflexion et la recherche à propos de la pratique, telles sont les ambitions de l’ARRCP Lyon et région. Dans cet objectif, l’association mise sur l’engagement de ses membres dans une démarche qui consiste à se confronter aux difficultés et aux doutes rencontrés dans la clinique, à approfondir ses intuitions cliniques, à les arrimer à des concepts théoriques, à transmettre et discuter les résultats de ses travaux.
Ce 9 Février, le café psychomot ne débutera qu'à 20h15 et finira à 22h15.
Merci d'en prendre bonne note.
Le 9 février 2016, à 20H15, au Chaudron 26 cours Suchet à Lyon 2ème, Emmanuelle Ormazabal nous viendra du Juras pour
nous présenter sa façon de travailler en institution gériatrique.
Dotée d’une
formation Snoezelen, elle nous révélera comment elle met au travail la
sensorialité des personnes âgées à partir
de différents engagements institutionnels : au-delà de la salle de
psychomotricité, dans l’architecture de l’institution, d’autre lieux à penser
comme le jardin thérapeutique…
Emmanuelle nous recommande de
lire : « Les 5 sens dans la vie relationnelle » de R. Sabourin
et A. Le Meur, in La revue francophone de gériatrie et gérontologie, octobre
2012, tome XIX, n°188, ainsi que « Une revue de la recherche clinique
internationale sur l’approche snoezelen en santé mentale » de Pascal
Martin et Jean-Louis Adrien, in Revue francophone de la déficience
intellectuelle, volume 16, numéro 1&2, 97-109.
Ces deux textes présentent
les fondements sur lesquels Emmanuelle
s’étaye dans sa démarche clinique que nous sommes impatientes de mieux
découvrir.
N’attendez pas la dernière minute
pour vous pré-inscrire sur arrcplyon@gmail.com.
Vous recevrez comme d’habitude une confirmation de notre part sauf si notre
réunion devient trop nombreuse.
Le jour même, votre participation est de5€ à régler à notre trésorier, et vous vous engagez à prendreune consommation au Chaudron.
Quel bel espace que ce
« Chaudron » ! Grégory, tout attentionné, nous y a accueillis en
maître des lieux!
Pour se perdre et se
retrouver, suivons Pascale Olivier qui, dotée de sa longue expérience de
psychomotricienne en CMP, pratique aussi le T’chi Clown. Comme elle, suivons le
nez rouge pour occuper l’espace, être présent à l’espace, l’habiter mais aussi
s’ouvrir à lui et aux autres.
Pour vous présenter
toute la complexité de la conscience de l’espace, nous retiendrons deux images
que Pascale nous a livrées parmi une multitude, les espaces étant faits de
superpositions, d’inclusions, d’imbrications… :
·Le couple
primitif constitué par Gaïa, la terre, et Ouranos, le ciel. C’est l’espace
infiniment grand qui s’origine dans la dé-fusion.
·Le nid, beaucoup plus
petit, dont Bachelard décrit la constitution, dans « La Poétique de
l’Espace », à partir de l’intérieur (Bachelard cite Michelet).
Ces deux images
amènent d’emblée les notions d’intériorité et d’extériorité, c’est-à-dire la
conscience de Soi et la conscience de l’espace environnant.
Pour comprendre
comment le petit d’homme s’installe dans cette double conscience, Pascale
s’appuie sur les écrits d’Ajuriaguerra qu’elle
cite : « L’appréhension de l’espace, la conscience du corps, ne
sont pas des fonctions isolées, abstraites et juxtaposées ; elles sont
ouvertes l’une à l’autre ; elles représentent des moyens d’actions pour
soi-même et des moyens de connaissances du monde ; la dynamique du corps
agissant ne peut s’accomplir que dans l’espace et jusqu’à un certain point,
l’espace n’est rien pour nous sans le corps qui agit. », « L’enfant
et son corps », in « Corps, tonus et psychomotricité ». Pascale
cite aussi Hall pour qui « tout ce que l’homme est et fait est lié à
l’expérience de l’espace ; notre sentiment de l’espace est lié à la
synthèse de nombreuses données sensorielles, d’ordre visuel, auditif,
kinesthésique, olfactif et thermique », ce qu’il relie immédiatement avec
des faits culturels qui nous modèlent : « On ne peut donc échapper au
fait que des individus élevés au sein de cultures différentes vivent également
dans des mondes sensoriels différents. »
La constitution de
la limite entre intériorité et espace environnant ne va pas de soi : c’est
une affaire de différenciation, de distinction, d’ordonnancement. C’est-à-dire
que l’espace corporel est positionné dans un ensemble plus vaste, un espace
élargi fait d’inclusions successives qui nous mettent en situation de
subordination, dans un rapport à l’environnement.
De la conscience de mon corps à celle de
l’environnement, qui des deux
apparait la première ?
L’exercice de notre
profession de psychomotricien nous inciterait à penser que notre tout premier
espace est notre corps.
Pour les philosophes,
l’émergence des deux serait synchrone, telle la différenciation entre la terre
et le ciel.
En tout cas, pour
les petits d’homme, c’est par leur corps agissant qu’ils s’organisent, mais
aussi qu’ils perçoivent et organisent l’espace. Pascale parle de co-modélisation
corps/espace.
Le territoire.
Délimiter son
territoire, en tracer la limite signifiant la démarcation, la différenciation,
la séparation : un dedans bien fermé, délimité pour nous protéger d’un
dehors perçu comme potentiellement dangereux… La question est éminemment
d’actualité. Toutes les sociétés par définition sont en relation avec l’espace.
Elles se signifient par leur organisation spatiale. La relation à l’espace est
ainsi garante de la particularité des identités.
La maison,
c’est un abri, un lieu à habiter, où se loger, où l’on se sent en sécurité, où
il fait bon vivre. Pour Bachelard, elle « est une des plus grandes
puissances d’intégration pour les pensée, les souvenirs et les rêves de
l’homme… sans elle l’homme serait un être dispersé, elle maintient l’homme à
travers les orages du ciel et les orages de la vie. »
La construction de la cabane, en séance, passe par la
manipulation d’objets, par l’agencement de ces mêmes objets dans l’espace de la
salle. Il s’agit d’utiliser l’architecture de la salle, une cabane en appui sur
un des murs ou dans l’encoignure de la porte. Il faut que ça tienne, en
bouchant hermétiquement les trous.
Le coin.
Un coin pour soi. Se
retirer dans son coin, se réfugier, se pelotonner pour mieux se retrouver. Un
coin qui soutient le dos pour s’ouvrir à l’avant.
Franchir la limite, passer le seuil, c’est
encore une affaire de différenciation et de figuration. Délimiter, c’est un
acte de signification. « La délimitation est à considérer comme un élément
fondamental dans la constitution et la représentation des systèmes spatiaux des
sociétés », F. Lévy.
Pour enrichir encore
sa présentation, Pascale nous invite vivement à lire l’article de Bernard
Andrieu : « Les rayons du monde : l’espace corporel avec Merleau
Ponty. »
Et le débat s’en suit, chacun extrayant du
nid le fil de sa pensée en lien à sa clinique professionnelle :
La clinique des SDF apparaît dans
nos associations et Natacha se souvient de ce que rapportait un collègue
psychologue qui travaillait dans un dispositif psychiatrique de liaison autour
de la question de l'espace propre et des vêtements qui semblaient matérialiser
cet espace corporel, exposé et confondu entre le dedans et le dehors de soi.
Mélanie parle d'une rencontre
clinique avec un patient SDF qu'elle ne pouvait rencontrer d'abord que dehors,
puis dans le couloir, puis dans un coin de la salle...
La salle revient alors par
l'espace de la rencontre.
Aran interroge la question du
creusé, dans la construction spatiale, Natacha pense à Pénia, mère d'Eros
secondaire, déesse du manque, du creux.
L'attention et l’attente, la forme
et l'informe se joignent à la construction de l'espace relationnel dans la
clinique auprès de patients très régressés, pour lesquels l'espace du corps
n'est construit souvent que dans l'informe, et où il y a parfois à disparaître
légèrement et offrir une image de son corps peu construite ….
Nous pensons aussi aux
« enfants tourbillons » et la course, le mouvement spatial se situe
dans un « après quoi courent-ils ?» mais aussi un « devant quoi
courent-ils ». La spatialisation du mouvement tourbillonnaire
pourrait-elle aussi se comprendre comme un petit coin fait pour soi ?
Nous aurions bien envie de
débattre encore sur l'espace corporel et la mise en espace du corps dans nos
séances, mais Chronos est là aussi, pour nous rappeler qu'espace et temps ne
sont pas dissociables....
Nous vous souhaitons une très belle année 2016, riche en espaces à partager et vous offrons
cette vidéo-cadeau, un interview de Michel Foucault, Les Hétérotopies.