L'Association de Réflexion et de Recherche Clinique en Psychomotricité de Lyon et sa Région vise à promouvoir la recherche clinique en psychomotricité par divers moyens notamment : l’organisation de séminaires, colloques, groupes de réflexion. Soutenir des projets individuels ou collectifs de recherche sur la clinique psychomotrice, favoriser et/ou rechercher la collaboration avec des structures à même d’apporter une contribution directe ou indirecte au but poursuivi par l’association et tout particulièrement avec l’Institut de Formation en Psychomotricité de Lyon.
Elle s’adresse à tout psychomotricien désireux d’engager un travail d’approfondissement théorico-clinique, quel que soit son champ d’exercice professionnel ou son référentiel théorique et clinique.
Susciter les échanges, favoriser le débat entre psychomotriciens, soutenir la réflexion et la recherche à propos de la pratique, telles sont les ambitions de l’ARRCP Lyon et région. Dans cet objectif, l’association mise sur l’engagement de ses membres dans une démarche qui consiste à se confronter aux difficultés et aux doutes rencontrés dans la clinique, à approfondir ses intuitions cliniques, à les arrimer à des concepts théoriques, à transmettre et discuter les résultats de ses travaux.

mercredi 2 novembre 2016

Un aperçu du Café Psychomot' du mardi 11 Octobre 2016

C'est sur la mezzanine du Macanudo qu'Emmanuelle Blanc et moi nous sommes essayées à un jeu de question-réponse pour ce premier café psychomot' de la saison. 

      A partir de la lecture d'un texte qu'elle avait rédigé à l'occasion d'une journée de réflexion «   L'artiste dedans, dehors » à l'hôpital de Saint Jean de Dieu, Emmanuelle nous présente son travail, avec Alexandre Roccoli  danseur et chorégraphe,  et deux collègues (infirmière et éducatrice spécialisée) dans un atelier danse, en hôpital de jour pour enfants.
Le dispositif a été très soutenu, par le médecin chef du pôle de pédopsychiatrie et la chargée de développement culturel de l’hôpital, ainsi que l'ensemble de l'équipe de l'hôpital de jour où il s'est déroulé. Un rassemblement « sans faille » nous dit Emmanuelle.
Entre réflexion sur le projet et le début de l'atelier il s'est écoulé un an. L'atelier danse aura duré huit mois.
Cinq enfants dont les indications sont réfléchies en équipe y participent.
L'atelier a lieu chaque semaine, mais Alexandre n'y est présent qu'une semaine sur deux. En son absence le  groupe se réunit autour d'un support graphique « révélateur et témoin de ce qui fait trace de l'expérience avec Alexandre, comme de l'expérience de son absence ».
Le dehors a été convoqué de différentes manières nous dira Emmanuelle :
Par la présence d'Alexandre  lorsqu'il était là. 
Et par l'imaginaire, « la rêverie groupale nous invitait à devenir de grands voyageurs ; nous survolions l'Europe, nous nous reposions au sommet de la Tour Eiffel, peut -être pour nous rapprocher de l'absent et de son port d'attache : Paris. »
Et par les passages du dedans de l'hôpital, au minibus, conduisant le groupe en dehors de l'hôpital, moment repéré comme angoissant, effractant pouvant attaquer dans le fantasme la peau groupale, « un véritable travail de préparation, d'anticipation, de reprise pour tenter d'accompagner, de contenir ou de se représenter les mouvements (...) »
Moment où Emmanuelle nous raconte comment elle a pu sentir l'effroi d'Alexandre « comme de ses interrogations et des abattements face à cette horde informe et chaotique que représentait le groupe (…) question latente, exposée, confrontée et parfois conflictuelle. »

Le dedans et la métamorphose
Emmanuelle nous parle des corps des enfants, dans la verticalité trop agitante au début et d'un nécessaire retour au sol « (...) ils s'y rassemblent, s'y ramassent, au sens propre comme au sens figuré. Les enfants se « dé-pensent » ».
Les improvisations partent de l'expression corporelle des enfants et les adultes suivent, accompagnent, rejoignent.
Le groupe évolue et les demandes de portage et d'enveloppement se font sentir « le groupe réclame à redéfinir ses contours et cela passe par l'articulation du corps propre au corps groupal. L'atelier devient le lieu depuis lequel un rapport au monde peut s'amorcer. »
Emmanuelle nous donne aussi les mots d'un enfant « je sens ma tête attachée à mon corps ».
Rampés, ondulations, quatre pattes pour s'ériger et permettre « l'envol des enfants, surtout dans les bras attracteurs d'Alexandre », les images motrices, animales, végétales, arrivent dans les mots d'Emmanuelle comme autant de support à rêver et porter physiquement et psychiquement les enfants «  le corps dansé est un corps vivant, habité, malléable ».
Progressivement « il devient possible de rêver et de jouer à être « un autre ». Il devient possible de partager un même espace (...).
Emmanuelle nous dit aussi combien la médiation du dessin en l'absence d'Alexandre, « va révéler et figurer toutes ces évocations » et termine la lecture de son texte par le rendez-vous donné aux parents des enfants à un goûter, moment désiré par ces derniers et pendant lequel les dessins sont exposés « telle une fresque qui tapisse les murs et témoigne indirectement de notre expérience groupale ».
« Les enfants improvisent, devant cette assemblée, une forme de spectacle, restituant de façon magistrale ce qui fait trace pour eux »... permettant l'expression des émotions et mots des parents.

J'ai écouté avec empathie et envie Emmanuelle. Je la laisse reprendre son souffle et tranquilliser sa voix, fatiguée depuis deux-trois jours … Sur nos fauteuils, face à face, nous allons échanger. J'ai avec moi, le texte d'Albert Ciccone sur la conflictualité des modèles pluridisciplinarité, interdisciplinarité et transdisciplinarité.
Natacha : « J'ai eu une image, celle du travail préparatoire à la réalisation du projet, comme celle d'une gestation et de parents porteurs d'un désir »
Emmanuelle me répond combien effectivement il y a eu de la transmission, d'abord parce que la rencontre avec Alexandre est ancienne, parce qu'ils se sont rencontrés dans la danse. Emmanuelle était danseuse et comédienne avant de devenir psychomotricienne.
Ils se sont choisis pour ce projet et Alexandre avait une « curiosité bien placée pour la psychiatrie »
Ensuite parce que le médecin chef aime la danse et l'art en général.
Et que le croisement avec le service culturel de l'hôpital a été soutenant.
Il fallait probablement que tous ces désirs se rencontrent...

Natacha : « il y a du mouvement et du déplacement dans ta narration. Les images motrices sont de cet ordre. »
Emmanuelle me répond combien effectivement c'était l'objet du travail, se mouvoir, prendre l'espace et que souvent en l'absence d'Alexandre les enfants tournoyaient, alors qu'en sa présence il devenait objet attracteur et érecteur.
Elle se souvient à voix haute, combien le moment du passage jusqu'au minibus avait fini par se faire en mettant les mots en veille, les enfants avançant de quelques pas, certains reculant et les adultes faisant de même, pour que puisse s’ajuster, dans le chaos du départ, une direction commune.

Natacha : « quel regard portait Alexandre, le danseur, sur les corps dansants ?»
Emmanuelle parle de cet enfant « le petit derviche tourneur » qui fascinait Alexandre et son regard sur le mouvement. Il inquiétait Emmanuelle et ses collègues quant à l'enfermement dans lequel elles avaient l'impression que cet enfant se mettait.

Natacha : «  cela me fait penser à vos places différenciées, à ce que tu nommes de l'effroi d'Alexandre et les moments de conflictualité entre vous et à ce qu'Albert Ciccone écrit dans son article sur la transdisciplinarité qui contient une conflictualité créatrice, qui protège du risque de fourvoiement dans l'omnipotence idéologique »
Emmanuelle me répond que les conflits, les positions et regards différents ont toujours pu être parlés entre eux et qu'Alexandre avait la place de celui qui pouvait s'écarter, s'éloigner.
C'est aussi de cette place qu'il pouvait par exemple dire que certaines attitudes, se voulant  éducatives ou thérapeutiques,  pouvaient lui faire violence.
Mais surtout que sa liberté et sa spontanéité donnaient aussi de l'air, de la respiration aux mouvements internes qui traversaient chacun.
Emmanuelle parle de Fernado Pessoa « Le livre de l'intranquillité » qui la porte beaucoup et qu'elle a amené ici avec elle.

Natacha : Ciccone parle dans la transdisciplinarité « d'une position d'humilité, de doute, une mise en suspens du savoir ». Peut-être sans vous perdre, il y avait suffisamment de même entre vous (la pâte commune de la danse), pour que vous puissiez chacun lâcher votre « technicité »...
Emmanuelle dit que peut-être cela peut sembler idéal, mais que ça l'a été et que deux ans après, c'est aussi comme cela qu'elle se souvient de ce travail de partage, tout comme des trajets quand elle ramenait Alexandre à son train après le groupe : un espace-temps pour se parler de l'atelier, mais aussi d'autres choses...
Un trajet pour se décoller et se différencier aussi…

Mon interview aurait pu durer des heures mais il est aussi temps d'écouter les autres psychomotriciens présents et leurs réflexions.

Odile évoque des images de rêve, de magma et de chaos, «  les vers de terre ». Elle interroge aussi la temporalité et l'alternance entre les temps de séances et les temps de dessin, comme le temps de reprise, de représentation.
Emmanuelle rappelle que ce postulat de départ  a dû être pensé d'emblée car il était directement lié au réel et au budget ne permettant pas la présence d'Alexandre toutes les semaines.
Pour elle, ça a opéré un véritable travail sur la séparation et la perte sans fracas car l'entre-deux, la rythmicité était un moment d'attente pour les enfants. Il a aussi fallu mettre en corps autour du dessin...

Cécile nous rappelle que l'artiste qui vient de l’extérieur, vient toujours questionner et interroger, aérer.
La transdisciplinarité qui convoque l'extérieur proposerait peut-être aussi l'aire de jeu et le squiggle se demande Emmanuelle.

Denis pose un « c'est l'enfer ce groupe au début », un boxon qui rate et qui vient en  contrepoids de la créativité amené par les adultes et que celui qui vient de l'extérieur c'est celui qui vient pointer les endroits où ça va pas.
Emmanuelle se rappelle alors qu'à partir du moment où Alexandre dit la violence que cela lui fait, elle propose que les mots se fassent silencieux.

Martin, lui, reprend la question de la gestation et d'une position paternelle en interrogeant Emmanuelle sur ce qu'Alexandre venait chercher en étant là.
Il était en train de chercher le « playing » et la co-construction. Il y a eu à reparler d'un mouvement qui vient de soi.

Mathieu, dit que lui pourrait peut-être vivre la rencontre avec le chaos en allant voir un spectacle de danse contemporaine ! Il associe avec le travail de passeur et de conteur d'Emmanuelle qui permet à Alexandre de rentrer dans ce monde de fou.

Nous parlons aussi de la notion de culture et comment l'institution a un projet qu'elle construit, où il y a du commun, du solide et du sens.
Lila rappelle la naïveté du danseur qui lui permet d'oser.
Emmanuelle dit aussi « se laisser impressionner par l'autre ».

Stéphanie se demande si ça n'est pas le lâcher-prise qui permet justement de lâcher la toute-puissance et l'idéal du bon danseur, du bon thérapeute.

Emmanuelle nous parle pour terminer, de l'après groupe et des enfants qui ont questionné un an encore après ce travail,  une manière de re-vivre l'expérience ? (Alexandre a d'ailleurs donné des nouvelles et puis il y avait les images filmées par lui de manière transgressive!).

Et pour finir un extrait de « Pina Bausch, histoires de théâtre dansé »
« Une plainte d'amour. Se souvenir, se mouvoir, se toucher. Adopter des attitudes. Se dévêtir, se faire face, déraper sur le corps de l'autre. Chercher ce qui est perdu, la proximité. Ne savoir que faire pour se plaire. Courir vers les murs, s'y jeter, s'y heurter. S'effondrer et se relever. Reproduire ce qu'on a vu. S'en tenir à des modèles. Vouloir blesser. Protéger. Mettre de côté les obstacles. Donner aux gens de l'espace. Aimer »
Raimund Hoghe/Ulli Weiss Edition de L'Arche, 2014.

 Références données par Emmanuelle :
Fernando Pessoa « Le livre de l'intranquillité.
Paroles de praticiens en institution, Cliniques Nr 3 « Les enjeux de la pluridisciplinarité », Edition Erès.
  
Natacha Vignon pour l'ARRCP

Colloque AFDAS-TCA, "Du corps à la rencontre", les 9 & 10/06/17, Lille

Les Rencontres

Sixièmes journées
« Du corps à la rencontre »

LA SENSORIALITE DANS LE SOIN A MEDIATION CORPORELLE DES PATIENTS SOUFFRANT DE TCA 

Vendredi 9 et samedi 10 Juin 2017

Faculté de Médecine et Maïeutique
56 Rue du Port

                              59800 LILLE

Argumentaire :

 Les anorexiques et les boulimiques attaquent d’autant plus violemment leur corps que leur mal-être s’enracine à une époque lointaine, autour de la périnatalité, ou que ces sujets ont subi, dans leur histoire, des traumatismes répétés. Il en demeure alors une trace psychocorporelle. C’est-à-dire une trace qui s’inscrit à la fois dans la mémoire de l’enfant, souvent refoulée, et dans la mémoire « corporelle » que les stimulations sensorielles, telles que les odeurs, peuvent éveiller.
Les stimulations sensorielles résonnent puissamment avec la mémoire et les émotions et jouent un rôle majeur dans la mise au travail psychique.
Mais les soins à médiation sensorielle modifient aussi l’éprouvé corporel, contribuant à restaurer une sécurité intérieure sur laquelle les personnes souffrant de TCA pourront s’étayer pour renaître à la vie.
Ce colloque propose aux professionnels un voyage qui partira de la philosophie, pour ensuite expérimenter, via les ateliers sensoriels, des éprouvés corporels qui enrichiront leurs pratiques.

Pour obtenir le programme complet et le bulletin d'inscription, veuillez suivre ce lien : 

jeudi 22 septembre 2016

Café Psychomot' - Mardi 11 octobre 2016 - 19h45


Emmanuelle Blanc a partagé avec un danseur chorégraphe pendant un an une expérience d'atelier de danse auprès d'enfants en pédopsychiatrie.
Elle nous présentera son dispositif et ses premières pistes de réflexion et moi, Natacha Vignon, j'animerai dans la suite, une discussion question /réponse avec elle, avant que le débat ne s'ouvre aux participants du café.
Nous vous invitons à relire le texte d'Albert Ciccone, proposé en fin de saison dernière  in « La violence dans le soin », collectif rédigé sous sa direction et publié chez Dunod en 2014, chapitre dans lequel il traite de l’interdisciplinarité, de la transdisciplinarité et de la pluridisciplinarité.

Nous vous attendons donc au     Macanudo                    le mardi 11 octobre à 19h45
                              8 Quai Claude Bernard, 69007 Lyon

Nous vous rappelons pour cette nouvelle saison les  deux modalités d’inscription possibles :
- Soit payer comme de coutume 5€ à l’entrée de chaque café,
- Soit devenir adhérent, auquel cas payer son adhésion de 20€ lors du premier café et ne plus payer ensuite. Cela coûtera moins cher aux psychomotriciens fidèles puisque l’adhésion amène une réduction d’impôt. Mais surtout chaque adhérent sera invité à l’assemblée générale de l’ARRCP, un moyen d’apporter sa créativité et sa réflexion en amont de nos actions associatives.

Quelle que soit la modalité choisie, bien penser à se préinscrire sur arrcplyon@gmail.com dès l’annonce que nous vous envoyons. (Nous limitons le groupe à 25 psychomotriciens pour maintenir la qualité de nos échanges.) 
Prendre au bar sa consommation en arrivant.


Natacha Vignon et Odile Gaucher

dimanche 18 septembre 2016

Pour défendre la psychomotricité en Europe

Pour information et par solidarité, l'ARRCP s'associe au SNUP pour soutenir et défendre la psychomotricité en Europe.
Vous trouverez ci-joint le courrier du SNUP où figure un lien internet pour signer la pétition contre la disparition de la psychomotricité en Belgique                                         

  
Cher-ère-s adhérent-e-s, Madame, Monsieur,


nous attirons votre attention sur la situation de la pratique psychomotrice en Belgique. Suite aux décisions du Gouvernement Fédéral, le Ministère de la Santé belge ne considère plus la psychomotricité que comme un champ d’application relevant des métiers de masseur-kinésithérapeute, logopède et ergothérapeute. Ainsi, les psychomotriciens exerçant à ce jour en Belgique ne peuvent désormais que réaliser des activités d’éducation et de prévention. Toute action attribuée à une pratique de soin serait alors considérée comme exercice illégal d’une des professions paramédicales précédemment citées.

Le conseil d’administration du SNUP est extrêmement alarmé qu’une telle décision eût été entériné par un gouvernement.

Nous voyons cela comme un acte de renégation de notre profession. C’est un événement dévalorisant et menaçant pour toute la psychomotricité.
En effet, pour la première fois un gouvernement acte la disparition de notre métier sur son territoire et en distribue notre champ d’application à d’autres professionnels de santé. C’est une atteinte à la pratique de chacun-e d’entre nous.

Nous considérons qu’une telle situation marque le recul du développement scientifique et innovant des pratiques de santé.

Nous demandons au gouvernement belge de reconnaitre la pratique de la psychomotricité comme un soin, encadré par un code de la Santé et une réglementation de la formation initiale (référentiel métier, réglementation des écoles, mise en place d’un numérus clausus, ...)

Nous appelons tous les psychomotriciens de l’Union Européenne et à l’internationale à soutenir nos confrères psychomotriciens belges dans la défense de l’identité professionnelle du psychomotricien. Pour cela une première marque de soutien est la signature de la pétition dont le lien est le suivant:


De plus, des courriers de soutien peuvent être adressés à l’Union Professionnelle Belge des Psychomotriciens Francophones (UPBPF)

Le SNUP appelle à l’union et l’alliance confraternelle pour renforcer la singularité de notre champ théorico-clinique et de nos techniques de soin.

Nous souhaitons à tous une bonne rentrée et soyez, assuré -e, cher -ère adhérent -e, madame, monsieur de nos salutations distinguées.


                                                                                   Le conseil d’administration du SNUP



vendredi 5 août 2016

Les Cafés Psychomot' 2016-2017


Dans la suite de notre saison 2015-2016, 
le thème de la transdisciplinarité a émergé de nos débats et 
nous lui consacrerons la saison à venir.






En 2016-2017, le Macanudo nous accueillent pour nos cafés psychomot’, 
 8 Quai Claude Bernard Lyon 7ème, avec trois dates à retenir : 
les mardis 11 octobre, 31 janvier et 4 avril, de 19h45 à 21h45.

Ces trois rendez-vous nous permettront de décliner ainsi notre thématique :
·       -   La co-animation avec un professionnel soignant sans formation « psy ».
·        -  La co-animation avec psychologue ou psychiatre.
·       -   Le rôle de formation que le psychomotricien peut déployer auprès des équipes dans l’institution dans laquelle il travaille et dans d’autres structures.

Pour cette nouvelle saison, l’ARRCP innove, avec deux modalités d’inscription possibles :
·         - Soit payer comme de coutume 5€ à l’entrée de chaque café,
·      - Soit devenir adhérent, auquel cas payer son adhésion de 20€ lors du premier café et ne plus payer ensuite. Cela coûtera moins cher aux psychomotriciens fidèles puisque l’adhésion amène une réduction d’impôt. Mais surtout chaque adhérent sera invité à l’assemblée générale de l’ARRCP, un moyen d’apporter sa créativité et sa réflexion en amont de nos actions associatives.

Quelle que soit la modalité choisie, bien penser à se préinscrire sur arrcplyon@gmail.com dès l’annonce que nous vous envoyons un mois avant chaque événement. (Nous limitons le groupe à 25 psychomotriciens pour maintenir la qualité de nos échanges.) 
Prendre au bar sa consommation en arrivant.

Nous avons déjà quelques idées sur les animations des trois cafés, mais nous sommes prêtes à les remanier si l’un l’une d’entre vous souhaite intervenir. Merci de vous manifester alors par mail.

Entre fêtes et repos, soleil et ombre, chaleur et fraîcheur, nous vous souhaitons un très bel été,

Odile Gaucher et Natacha Vignon


mardi 26 avril 2016

Un aperçu du Café Psychomot' du mardi 5 avril 2016


 
Ce 5 avril dernier, c’est autour de Martin Laîné que nous avons réfléchi ensemble à la particularité de l’espace du cabinet libéral, pour ce troisième et dernier café psychomot’ de la saison 2015-2016 centrée sur la thématique de l’espace en psychomotricité.
Martin travaille en institution auprès de patients polyhandicapés, et en libéral. En parallèle, il est toujours en recherche, appartenant à un groupe d’élaboration sur le polyhandicap, assidu à nos cafés psychomot’, participant au séminaire recherche de l’ARRCP, il est aussi membre actif de son Conseil d’administration.

Martin nous a communiqué hier cette belle énergie qui l’accompagne dans son travail à partir d’une présentation en quatre temps :
1.       L’espace du cabinet n’a rien de particulier, sous-entendu que c’est le point de vue clinique qui prime pour lui et qui pourrait se résumer ainsi : l’espace de la rencontre est le même que l’on travaille en cabinet libéral ou en CMP.

2.       Alice et son monde pas si merveilleux.  Martin se laisse rêver à une jeune patiente de sept ans qu’il reçoit au cabinet, tout d’abord accompagnée de ses parents qui lui disent leur désespoir, puis sans eux, tout en nous livrant de façon romancée, sensible et touchante mais non moins professionnelle l’observation psychomotrice qu’il fait d’elle.  Alice vient consulter en psychomotricité pour des difficultés d’attention alors qu’ « elle est très intelligente et sans doute précoce », disent ses parents. Pataude, ses parents la sur-stimulent pour l’aider à grandir, et se tournent vers tous les professionnels qui pourraient lui venir en aide : professeur d’équitation et de danse, orthophoniste, orthoptiste. Ils demandent conseil à Martin : faudrait-il consulter aussi un ergothérapeute, un neuropsychologue ?

Martin nous décrit tous les efforts de concentration d’Alice durant les épreuves du bilan psychomoteurs et sa peur de se tromper. Ses maladresses sont nombreuses et visibles entre autres dans la marche, la course, l’évaluation des distances, dans les parcours, dans le maniement du « stylo-flamand-rose »... Dans son petit corps, Alice a beaucoup de difficultés à s’adapter à l’espace environnant qui semble trop grand pour elle. Alice semble dépassée, n’arrivant pas à poser son regard, à l’affût de repères rassurants mais en vain.

Son attention labile et le défaut d’adaptation de l’espace corporel d’Alice à l’espace environnant laissent Martin réfléchir à l’aide des écrits de Mazeau et Pouhet qui définissent la représentation spatiale comme égocentrée et allocentrée à partir de trois sous-espaces : l’espace corporel, l’espace de préhension et l’espace lointain. De plus Michèle Mazeau note que « l’orientation du regard est le reflet de l’orientation de l’attention, tandis que de façon circulaire, là où se porte le regard, se porte l’attention. »

Pour mieux réfléchir d’un point de vue neuropsychologique à l’attention labile d’Alice, Martin s’étaye aussi sur les travaux de Jean Piaget et de James Rivière.

3.       Puis Martin pose la question essentielle de la croisée des regards des différents professionnels portés sur Alice. C’est d’ailleurs bien ce défaut d’accordage entre les professionnels qui laisse les parents d’Alice avoir l’impression d’être « ballotés ». En d’autres termes, comment aider Alice à se centrer si,  autour d’elle, les soignants restent dispersés ?

Martin s’appuie sur les travaux d’Albert Ciccone qui préfère le terme de « transdisciplinarité » ou « d’interdisciplinarité »  à celui de « pluridisciplinarité » : « Le travail transdisciplinaire suppose une humilité de chacun, reconnue, tolérée, partagée. L’essentiel de la relation de soin comme de la relation humaine n’appartient pas à une discipline mais dépasse chaque discipline. Seul les points de vue inter ou transdisciplinaires sont compatibles avec la pensée et protègent de l’omnipotence idéologique. »

Et là, l’absence d’organisation institutionnelle qui structure des espaces de rencontres transdisciplinaires manque au cabinet, un point de différenciation notable entre le travail du psychomotricien en institution et en cabinet libéral. Nous citons Martin Laîné : « La pratique de la psychomotricité en cabinet indépendant nécessite une grande énergie pour aller à la rencontre des autres professionnels, organiser les temps de réflexion avec la famille et faire circuler la pensée et les capacités d’élaboration. Le professionnel indépendant organise son travail en son âme et conscience, ce qui demande une certaine rigueur, dans son suivi et ses contacts avec les autres soignants et même souvent de dépasser sa fonction première de clinicien pour coordonner, orienter le patient pour faire avancer la situation. »

4.       Enfin Martin soulève la question de l’argent. Nous le citons : « Le soin psychomoteur est onéreux et très peu remboursé par les différentes instances s’occupant des frais médicaux. La sécurité sociale ne rembourse pas ou très peu le soin psychomoteur et seulement quelques mutuelles prennent en charge quelques séances par an. Des organismes privés, fonctionnant grâce à des fonds publics et organisés sous forme de réseaux en aide aux familles dans le cas de pathologies particulières. La MDPH intervient sur tout le territoire au niveau départemental. »

Si le coût peut être élevé pour les familles, Martin nous invite à réfléchir aux éventuels non-paiements autrement qu’en termes financiers. Pour lui, cela « est un des symptômes d’une alliance thérapeutique vacillante avec le patient ou en tout cas avec sa famille ».

Martin reprend la définition que Bachelart donne de l’alliance thérapeutique : C’est « une notion multidimensionnelle incluant les dimensions de collaboration, de mutualité et de négociation. » Bachelart isole quatre facteurs indépendants :

·         La capacité du patient à venir travailler volontairement en thérapie,
·         Le lien affectif unissant patient et thérapeute,
·         La compréhension et l’implication empathique du thérapeute,
·         L’accord que partagent le patient et le thérapeute concernant le but du suivi.
Et Martin de préciser : « En cas de difficulté au niveau de l’un ou plusieurs de ces facteurs, des espaces peuvent aider le psychomotricien à réajuster un lien patient/thérapeute difficile à développer et à entretenir. Ces phénomènes sont aussi présents pour les psychomotriciens intervenant en institutions mais les symptômes vont se cristalliser ailleurs que sur la question financière. »
A la suite de l’exposé  d’une grande richesse de Martin, c’est un débat passionnant qui nous anime. La parole circule, chacun des participants s’exprimant de façon très active. Et nous ne pourrons reprendre là que certains des points mis en discussion, en nous excusant d’avance de ne pouvoir tout en retracer.
Cécile amène l'image d'une mosaïque dans le soin en libéral et un accent mis sur des symptômes multiples et diversifiés.
Image de papillons et d'éparpillement pour Emmanuelle (Ormazabal) en repensant à Alice et ses parents dans leur parcours.
Emmanuelle (Blanc) qui exerce aussi en libéral, parle du symptôme dans ce qui est troublé. Elle a l'impression que le trouble s'y préciserait de manière délicate.
Nous allons beaucoup échangé autour de la coordination et de la manière dont le patient est indiqué.
Denis ramène la réalité de beaucoup de CMP et du nomadisme dans le soin de certains patients.
Il reprend la notion de transdisciplinarité comme nouvelle car finalement, le savoir ne nous (soignants psy) est plus conféré comme cela, acquis, et vérité absolue.
Un échange ensuite va concerner le psychomotricien qui dans sa fonction et sa formation spécifique est attentif au corps et à la psychoaffectivité, ce qui lui permettrait d'être aussi plus tranquillement réceptif aux liens.
Les mots intermédiaires, liant, permettant la circulation, faire des passerelles...semblent nous parler quand en libéral il y a à porter la communication entre les différents professionnels.
Natacha compare avec l'institution qui est doté de ses propres organisateurs de pensée (réunions, analyse de la pratique, synthèse).
Elle revient aussi sur la question d'Alice à Martin « c'est ta maison ici, il est où ton lit » et sur la personnification du lieu. L'institution fait exister un ailleurs chez le thérapeute et le patient, thérapeute comme patient voient et vivent le lien.
En libéral le fantasme sur l'intime serait peut-être plus important …
Christine parle de l'importance de différencier un espace de rencontre et un espace d'expertise et rappelle combien Martin nous parle de l'accueil d'Alice et non de comment il l'évalue et qui rend compte de comment il sera en lien avec d'autres.
Odile se demande aussi si on n’est pas en train de parler du temps du libéral, qui protège parfois de l'institution aux représentations dévorantes, le temps du début, ou d'un temps secondaire quand le soin institutionnel a épuisé...
Denis et Mathieu ramènent aussi la question de la temporalité, de la suite, du chemin dans l'institution et du passage d'une institution à l'autre où espace et temps se mêlent.

Nous terminons ce débat sur l'argent, le paiement en libéral qui vient symboliquement parler d'investissement et de temporalité avec toutes les questions sur l'absence et le travail de l'attente. 

La mosaïque de nos échanges riches et variés continue à donner toujours forme à nos pensées, à nos envies. 
 
Nous avons aussi dit au revoir à Grégory, qui ne pourra plus nous accueillir l'année prochaine au Chaudron.
               
Cette saison de nos cafés se termine donc et nous allons nous mettre à la recherche d'un nouveau lieu, d'un  nouveau thème  et sommes attentives à toutes vos propositions.               

             Nous sommes ravies de voir comment les cafés psychomot' sont des moments             d'expressions tranquilles et de partage entre différentes générations de psychomotriciens... 

                Bon printemps à vous tous. 

                Odile Gaucher et Natacha Vignon pour l'ARRCP.              
 
 

lundi 7 mars 2016

Café Psychomot' - Mardi 05 avril 2016 - 19h45



Le 5 avril 2016, Martin Laîné nous réunira à 19h45
au Chaudron (26 cours Suchet 69002 Lyon)

Après avoir discuté de l’émergence de la conscience de l’espace si intriquée à celle du corps avec Pascale Olivier, puis de l’espace hors la salle de psychomotricité avec Emmanuelle Ormazabal, Martin vient clôturer notre thématique annuelle avec  la particularité de l’espace du cabinet de psychomotricité.

Pour nous engager mieux encore dans l’écoute de sa présentation et le débat qui s’en suivra, Martin nous recommande de lire « Geste, vision et espace », in « Neuropsychologie et troubles des apprentissages chez l’enfant », de Michel Mazeau et Alain Pouhet, publié chez Elsiver Masson en 2005, ainsi que le chapitre écrit par Albert Ciccone in « La violence dans le soin », collectif rédigé sous sa direction et publié chez Dunod en 2014, chapitre dans lequel il traite de l’interdisciplinarité, de la transdisciplinarité et de la pluridisciplinarité.

N’attendez pas la dernière minute pour vous pré-inscrire sur arrcplyon@gmail.com.
Vous recevrez comme d’habitude une confirmation de notre part sauf si notre réunion devient trop nombreuse.

A très vite pour des échanges toujours enrichissants,

Odile Gaucher et Natacha Vignon


samedi 20 février 2016

Un aperçu du Café Psychomot' du mardi 9 Février 2016

         
Le 9 février, c'est avec Emmanuelle Ormazabal que nous avons déambulé pour notre 2ème café psychomot' de la saison sur le thème de l'espace.

         Emmanuelle nous parle de son parcours et son inscription dans son institution, nous contant aussi l'histoire et l'ancrage dans la ruralité de son lieu d’exercice, aujourd'hui devenue une maison de retraite, situé ni plus ni moins à Saint Amour !
L'espace existe avec le support de l'institution, de son histoire et de ses mythes, mais aussi de son architecture.
Emmanuelle nous parle très vite du soutien et du dynamisme de la directrice, prête à déplacer des montagnes.
Nous allons ainsi nous balader de l’apothicairerie, au vieil hôpital avec son bâtiment en U, en croisant les collègues et les patients âgés, ayant des troubles cognitifs et de la personnalité.

Emmanuelle nous parle de faits déclenchant pour évoquer sa pratique évolutive :
*la violence mise en acte et en mots par les collègues soignantes d'un monsieur qui griffait, tapait lors des moments de toilette.
*le regard sur ce patient et les questionnements sur comment établir une relation avec une personne démente.

Puis est venu le temps des observations : la technicité de ses collègues, le vécu d'intrusion des patients , pour tenter d'établir d'autres codes de communication. .

Emmanuelle a donc commencé son travail en suivant ces personnes qui se perdaient (jusqu'à perdre leur intégrité corporelle ), en déambulant avec eux, à côté, contre, parfois une main sur l'épaule.
Ces déambulations de couloirs se terminaient alors face à la porte coupe-feu, la butée.
Le travail sur la mémoire du corps amène Emmanuelle à penser à la sensorialité de la musique, du visuel, du tactile et les traces mnésiques (ou pour le dire autrement sentir d'anciens ressentis, re-sentir des ressentis), recréant suffisamment de confiance en elles pour que ces personnes puissent se reposer de leur angoisse d'une perte permanente et répétée.

Parallèlement à sa clinique, Emmanuelle va s’intéresser de plus près au concept Snoezelen qui fait le pari de la sensorialité pour recréer des stimulations permettant la relation et se former à cette approche dont elle parle comme une philosophie, une façon d'être et non de faire. Équipée d'un panier garni d'objets aux qualités sensorielles multiples,  c'est d'abord ainsi qu'elle va promener avec elle sa philosophie, en se laissant guider par les patients.
Ne pas faire et ne pas attendre de résultat, voilà qui n'est pas facile dans une institution, qui pourrait aussi se rendre dépendante de celle qui y arrive.
La demande de formation des collègues d'Emmanuelle émergera suite au don reçu par la maison de retraite d'une somme d'argent permettant de construire une salle de bain Snoezelen.
Les représentations évoluent, d'un amas de chair et d'os, à une barbe à papa, l'image du corps des patients semblent se reformer et des ressentis peuvent se verbaliser à nouveau.
On commence à s'en douter, nous, en écoutant Emmanuelle, que l'aventure ne va pas s'arrêter là et que l'espace du possible a encore à se construire.
Et hop retour vers le couloir, celui sans issue, transformé en bambouseraie le longs des mains courantes, et équipé de fauteuils pour se poser. L'errance des patients a alors pris fin faisant chuter les attaques de panique, la tension.
L'institution-mère accouche d'un important projet d'une UP de 1000m2 pour 24 chambres avec toute une réflexion sur les couleurs, sur la circulation possible tournante mais ne s'arrêtant pas, sur des endroits vides et une salle de 40 m2 toujours ouverte...

La trace, la répétition du sensoriel dans le corps ont fait baisser l’angoisse, la panique réveillant ou reconstruisant une continuité, un ça a déjà existé...

Emmanuelle nous embarque pour terminer son cheminement et celui des patients, dehors, dans le jardin sensoriel aux zones sonores, olfactives, cocooning, prenant sens et toujours accessibles de jour comme de nuit.
Et pour conclure à travers cette philosophie l'importance d'arrêter de faire pour laisser place aux espaces du possible...

Le possible de nos échanges commence par Odile nous rappelant son lien professionnel et affectif avec Emmanuelle et de leurs réflexions alors qu'elles travaillaient toutes deux dans une institution gériatrique, autour de la déambulation comme façon d'être avec les patients déments et d'une fonction tiers par aller-retour, tâtonnements d'Emmanuelle.

Je propose que l'on mette en débat la question de ces lieux Snoezelen  dont nos institutions peuvent fleurir et de l'aspect magique que l'on peut leur conférer.
Et je repense aux bambous du couloir qui ne sont pas thérapeutiques en eux, mais que c'est bien la rêverie d'un autre sur le lieu et sur la manière dont les patients peuvent se l'approprier combiné au réel de l'espace qui produit des effets thérapeutiques.
Emmanuelle me rappelle que l'institution doit être prête à philosopher et que dans le cas de son institution il s'agit bien d'une institution en mouvement.

Joséphine s'interroge sur ce qui va faire que dans cette institution cela va devenir contenant et faire trace par rapport au lieu de vie précédent des personnes accueillies.
Emmanuelle parle de la pensée étayante et partagée de cette équipe et d'une présence perpétuelle… Et de la nécessité dans « le monde de la démence » d'un projet de soin partagé.

Mélanie évoque son intérêt pour le lien pensé entre l'espace intérieur et extérieur et fait le parallèle avec sa clinique avec des patients SDF. Elle parle d'oser expérimenter le travail sur les éprouvés du non-hérmétique des espaces qui peuvent rester ouverts, peut-être comme une figuration de ce qu'elle peut percevoir du décalage entre l'organisation d'un lieu de vie et le chaos interne de ses patients.

Martin évoque ce qu'il ressent d'un paradoxe entre la sensorialité qui existe de partout et la salle Snoezelen, fermée, qui, dans, les représentations institutionnelles serait soignante en soi.
On se rappelle alors que l'institution en elle-même peut être vécue comme un lieu enfermant car fermé... Comme la salle Snoezelen pourrait l'être pour Martin...

Pour terminer cette philosophie de l'échange (Platon et Socrate se seraient ils invités?), Odile va nous raconter une drôle d'anecdote sur Emmanuelle qui avait ramené chez elle un patient qui s'était logé dans le coffre de sa voiture... !

Comme quoi, il y a aussi les traces qui sont les nôtres  et des abris que l'on peut faire en nous pour l'autre...


Natacha Vignon et Odile Gaucher pour l'ARRCP.


mercredi 13 janvier 2016

Café Psychomot' - Mardi 9 Février 2016 - 20H15



ATTENTION, CHANGEMENT D'HORAIRE EXCEPTIONNEL


Ce 9 Février, le café psychomot ne débutera qu'à 20h15 et finira à 22h15.

Merci d'en prendre bonne note.





Le 9 février 2016, à 20H15, au Chaudron 26 cours Suchet à Lyon 2ème,  Emmanuelle Ormazabal nous viendra du Juras pour nous présenter sa façon de travailler en institution gériatrique.

Dotée d’une formation Snoezelen, elle nous révélera comment elle met au travail la sensorialité des personnes âgées  à partir de différents engagements institutionnels : au-delà de la salle de psychomotricité, dans l’architecture de l’institution, d’autre lieux à penser comme le jardin thérapeutique…

Emmanuelle nous recommande de lire : « Les 5 sens dans la vie relationnelle » de R. Sabourin et A. Le Meur, in La revue francophone de gériatrie et gérontologie, octobre 2012, tome XIX, n°188, ainsi que « Une revue de la recherche clinique internationale sur l’approche snoezelen en santé mentale » de Pascal Martin et Jean-Louis Adrien, in Revue francophone de la déficience intellectuelle, volume 16, numéro 1&2, 97-109. 

Ces deux textes présentent les fondements sur lesquels  Emmanuelle s’étaye dans sa démarche clinique que nous sommes impatientes de mieux découvrir.

N’attendez pas la dernière minute pour vous pré-inscrire sur arrcplyon@gmail.com
Vous recevrez comme d’habitude une confirmation de notre part sauf si notre réunion devient trop nombreuse.

Le jour même, votre participation est de 5€ à régler à notre trésorier, et vous vous engagez à prendre une consommation au Chaudron.

Bon début d’année à tous et à très vite!


Odile Gaucher et Natacha Vignon

dimanche 3 janvier 2016

Un aperçu du Café Psychomot' du mardi 15 décembre 2015


Quel bel espace que ce « Chaudron » ! Grégory, tout attentionné, nous y a accueillis en maître des lieux!





 Pour se perdre et se retrouver, suivons Pascale Olivier qui, dotée de sa longue expérience de psychomotricienne en CMP, pratique aussi le T’chi Clown. Comme elle, suivons le nez rouge pour occuper l’espace, être présent à l’espace, l’habiter mais aussi s’ouvrir à lui et aux autres.

Pour vous présenter toute la complexité de la conscience de l’espace, nous retiendrons deux images que Pascale nous a livrées parmi une multitude, les espaces étant faits de superpositions, d’inclusions, d’imbrications… :
·         Le couple primitif constitué par Gaïa, la terre, et Ouranos, le ciel. C’est l’espace infiniment grand qui s’origine dans la dé-fusion.
·         Le nid, beaucoup plus petit, dont Bachelard décrit la constitution, dans « La Poétique de l’Espace », à partir de l’intérieur (Bachelard cite Michelet).

Ces deux images amènent d’emblée les notions d’intériorité et d’extériorité, c’est-à-dire la conscience de Soi et la conscience de l’espace environnant.
Pour comprendre comment le petit d’homme s’installe dans cette double conscience, Pascale s’appuie sur les écrits d’Ajuriaguerra qu’elle cite : « L’appréhension de l’espace, la conscience du corps, ne sont pas des fonctions isolées, abstraites et juxtaposées ; elles sont ouvertes l’une à l’autre ; elles représentent des moyens d’actions pour soi-même et des moyens de connaissances du monde ; la dynamique du corps agissant ne peut s’accomplir que dans l’espace et jusqu’à un certain point, l’espace n’est rien pour nous sans le corps qui agit. », « L’enfant et son corps », in « Corps, tonus et psychomotricité ». Pascale cite aussi Hall pour qui « tout ce que l’homme est et fait est lié à l’expérience de l’espace ; notre sentiment de l’espace est lié à la synthèse de nombreuses données sensorielles, d’ordre visuel, auditif, kinesthésique, olfactif et thermique », ce qu’il relie immédiatement avec des faits culturels qui nous modèlent : « On ne peut donc échapper au fait que des individus élevés au sein de cultures différentes vivent également dans des mondes sensoriels différents. »
La constitution de la limite entre intériorité et espace environnant ne va pas de soi : c’est une affaire de différenciation, de distinction, d’ordonnancement. C’est-à-dire que l’espace corporel est positionné dans un ensemble plus vaste, un espace élargi fait d’inclusions successives qui nous mettent en situation de subordination, dans un rapport à l’environnement.

De la conscience de mon corps à celle de l’environnement, qui des deux apparait la première ?
L’exercice de notre profession de psychomotricien nous inciterait à penser que notre tout premier espace est notre corps.
Pour les philosophes, l’émergence des deux serait synchrone, telle la différenciation entre la terre et le ciel.
En tout cas, pour les petits d’homme, c’est par leur corps agissant qu’ils s’organisent, mais aussi qu’ils perçoivent et organisent l’espace. Pascale parle de co-modélisation corps/espace.

Le territoire.
Délimiter son territoire, en tracer la limite signifiant la démarcation, la différenciation, la séparation : un dedans bien fermé, délimité pour nous protéger d’un dehors perçu comme potentiellement dangereux… La question est éminemment d’actualité. Toutes les sociétés par définition sont en relation avec l’espace. Elles se signifient par leur organisation spatiale. La relation à l’espace est ainsi garante de la particularité des identités.

La maison, c’est un abri, un lieu à habiter, où se loger, où l’on se sent en sécurité, où il fait bon vivre. Pour Bachelard, elle « est une des plus grandes puissances d’intégration pour les pensée, les souvenirs et les rêves de l’homme… sans elle l’homme serait un être dispersé, elle maintient l’homme à travers les orages du ciel et les orages de la vie. »

La construction de la cabane, en séance, passe par la manipulation d’objets, par l’agencement de ces mêmes objets dans l’espace de la salle. Il s’agit d’utiliser l’architecture de la salle, une cabane en appui sur un des murs ou dans l’encoignure de la porte. Il faut que ça tienne, en bouchant hermétiquement les trous.

Le coin.
Un coin pour soi. Se retirer dans son coin, se réfugier, se pelotonner pour mieux se retrouver. Un coin qui soutient le dos pour s’ouvrir à l’avant.

Franchir la limite, passer le seuil, c’est encore une affaire de différenciation et de figuration. Délimiter, c’est un acte de signification. « La délimitation est à considérer comme un élément fondamental dans la constitution et la représentation des systèmes spatiaux des sociétés », F. Lévy.

Pour enrichir encore sa présentation, Pascale nous invite vivement à lire l’article de Bernard Andrieu : « Les rayons du monde : l’espace corporel avec Merleau Ponty. »

Et le débat s’en suit, chacun extrayant du nid le fil de sa pensée en lien à sa clinique professionnelle :

La clinique des SDF apparaît dans nos associations et Natacha se souvient de ce que rapportait un collègue psychologue qui travaillait dans un dispositif psychiatrique de liaison autour de la question de l'espace propre et des vêtements qui semblaient matérialiser cet espace corporel, exposé et confondu entre le dedans et le dehors de soi.
Mélanie parle d'une rencontre clinique avec un patient SDF qu'elle ne pouvait rencontrer d'abord que dehors, puis dans le couloir, puis dans un coin de la salle...
La salle revient alors par l'espace de la rencontre.

Aran interroge la question du creusé, dans la construction spatiale, Natacha pense à Pénia, mère d'Eros secondaire, déesse du manque, du creux.

L'attention et l’attente, la forme et l'informe se joignent à la construction de l'espace relationnel dans la clinique auprès de patients très régressés, pour lesquels l'espace du corps n'est construit souvent que dans l'informe, et où il y a parfois à disparaître légèrement et offrir une image de son corps peu construite ….

Nous pensons aussi aux « enfants tourbillons » et la course, le mouvement spatial se situe dans un « après quoi courent-ils ?» mais aussi un « devant quoi courent-ils ». La spatialisation du mouvement tourbillonnaire pourrait-elle aussi se comprendre comme un petit coin fait pour soi ?

Nous aurions bien envie de débattre encore sur l'espace corporel et la mise en espace du corps dans nos séances, mais Chronos est là aussi, pour nous rappeler qu'espace et temps ne sont pas dissociables....


Nous vous souhaitons une très belle année 2016, riche en espaces à partager et vous offrons cette vidéo-cadeau, un interview de Michel Foucault, Les Hétérotopies.




Pour l'ARRCP, Odile Gaucher et Natacha Vignon